C’est une assemblée générale pas comme les autres à laquelle se prépare demain après-midi Gecina. Fragilisée au niveau de son conseil d’administration par l’affaire Joaquin Rivero, la foncière sera en proie à une fronde en externe, celle des « découpés » de la résidence du 25/31, rue Pradier dans le 19e arrondissement de Paris. L’association Jeudi Noir, faux nez d’Europe Ecologie Les Verts, a appelé à manifester, demain après-midi, devant la place de la Bourse pour « perturber » l’assemblée générale de Gecina, et accessoirement présenter une proposition « d’abolition des congés pour vente ». « Gecina ne met personne à la rue », a rappelé Bernard Michel, PDG de la foncière, qui regrette les « dégradations » dans l’immeuble de la rue Pradier, dont 203 logements sont mis en vente. Gecina a même confirmé son plan d’arbitrage en immobilier résidentiel. Au programme de 500 M€ de vente en bloc– principalement le lot vendu à BNP Paribas Real Estate et Cardif pour 395 M€ - s’ajoutent 300 M€ en lot par lot. « Notre objectif à fin 2014 est d’avoir 15% de notre patrimoine en résidentiel contre 23% à fin 2011 », nous a informé Bernard Michel. A fin 2011, la foncière détient un patrimoine valorisé 11,8 Mds€.
Au sein de cette poche, Gecina veut accentuer son exposition sur le logement étudiant au travers de la marque Campuséa. Actuellement, la foncière exploite 9 résidences étudiants pour un total de 1 500 logements. Elle ambitionne de porter son parc à 5 000 unités à fin 2014. « Notre spécificité est de développer et d’exploiter ces résidences que nous positionnons sur le haut-de-gamme et qui génèrent une rentabilité de plus de 6% », dévoile Bernard Michel. Et la foncière sait faire preuve d’imagination comme elle le prouve avec son projet de transformation de bureaux en logements étudiants, au 82 rue Lecourbe dans le 15e arrondissement. Actuellement en négociation avec la mairie de Paris, la foncière projette d’y créer d’ici la rentrée 2014 une centaine de nouveaux logements, y compris certains réservés à des étudiants boursiers.
Dans ces axes de diversification, Gecina veut augmenter son allocation à l’immobilier de santé et la porter à 10% de son patrimoine, contre 8,5% actuellement, tout en rééquilibrant au profit des maisons de retraites médicalisées. C’est le sens de sa seule acquisition depuis le début de l’année : un portefeuille de 6 EHPAD acquis auprès de WP Carey pour 70 M€(les 6 Mapi de la région Parisienne.NDLR)A fin 2011, Gecina détient les murs de 70 établissements de santé, pour une valorisation de l’ordre de 1 Md€.
Gecina entend aussi revenir sur le bureau, le cœur de son patrimoine avec quelque 1 million de m² quasi-exclusivement en région parisienne. « A partir de fin 2012/début 2013 », prévient Bernard Michel qui assure ne pas avoir de « programme d’investissement à ce jour ». Car l’année 2012 sera encore marquée par une volonté de désendettement. La foncière, qui vise un ratio de LTV de 40% (contre 42,6% à fin 2011) a programmé pour 1 Md€ d’arbitrage en 2012, sans compter le portefeuille logistique valorisé 256 M€ fin 2011.
Tout ce programme se fait dans une ambiance tendue au sein du conseil d’administration. Car, l’autre affaire qui empoisonne Gecina, c’est le cas Joaquin Rivero. L’ancien PDG, toujours actionnaire à hauteur de 16% de la foncière, a été contraint de démissionner de son poste d’administrateur après avoir accordé deux garanties bancaires sans en avertir son conseil d’administration. La question autour de la nomination de son remplaçant constitue aujourd’hui un véritable bras de fer entre les actionnaires. D’autant que le cas de Joaquin Rivero ne peut être réglé sur le plan capitalistique, les actions de ce dernier dans Gecina étant nanties auprès de ses créanciers espagnols et placées sous séquestre par le juge Renaud Van Ryumbeke, qui l’a mis en examen pour abus de bien social et défaut d’information. En attendant, « l’affaire Rivero entache l’image de Gecina », regrette Bernard Michel.

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