~~Le Parlement examine aujourd’hui le projet de loi sur l’autonomie des personnes âgées qui prévoit, notamment, le respect des droits et libertés des personnes âgées en maison de retraite. Beaucoup reste à faire…
~~« En 20 ans, on a vu la situation se dégrader à Flers-en-Escrebieux. Nous n’avons plus le même contact avec le résident. Nous voudrions être à son écoute mais on ne nous donne pas les moyens pour ça. Nous sommes usées. » Audrey Fauchois est secrétaire CGT du comité d’entreprise Floralys Résidences de Flers-en-Escrebieux. Elle se fait la porte-parole des aides-soignants et des agents de services hospitaliers (ASH) de la maison de retraite pour personnes âgées dépendantes (EPHAD) de son établissement de Flers-en-Escrebieux, et de ceux d’Arleux, Féchain, Neuville-Saint-Rémy, Douai, cinq sites Floralys Résidences du groupe Norévie. Le passage aux dix heures de travail – « à Féchain, c’est la règle », dit une aide-soignante - n’aurait fait qu’aggraver les conditions de travail. Au fil des ans, de plus en plus d’établissements de soins, dont Floralys Résidences (250 salariés), adoptent un décret de 2002 portant la durée maximale quotidienne de travail à neuf heures pour les équipes de jour et à dix heures pour les équipes de nuit. « On n’a plus de vie de famille », souffle l’une des collègues d’Audrey Fauchois. « Je n’ai aucune remontée du personnel sur ces sujets-là », se défend Didier Cymerman, directeur général Floralys Résidences, objet du courroux d’une petite frange des salariés, en avril dernier. qui s’étaient réunis devant le siège social Norévie, rue Saint-Sulpice à Douai. « Je vais faire passer un questionnaire auprès du personnel pour recueillir leur sentiment », poursuit-il, histoire de montrer sa bonne foi. « Il n’y a pas de resserrement des effectifs », soutient le directeur général, disant faire au mieux avec l’enveloppe budgétaire accordée par la tutelle et le conseil général (NDLR, le GIR moyen pondéré et le PATHOS moyen pondéré, explications ci-contre). Il reconnaît aussi que la lassitude des personnels et son sentiment de n’être plus assez à l’écoute des résidents viennent du fait que l’« on accueille des gens de plus en plus âgés et de plus en plus dépendants. » « C’est comme ça que se fait jour la maltraitance. Aujourd’hui, la priorité ce n’est pas le résident, mais que le ménage soit fait », déplore une salariée Parlant au nom des représentants du personnel, Philippe Nalewajek, secrétaire général de l’Union locale des syndicats CGT du Douaisis, accuse la direction d’avoir recours aux sanctions pour se « séparer des plus anciens ». Et de se lancer dans un recensement : « Quatorze avertissements, deux licenciements, une mutation. Tout ça en deux mois ! »
~~PAR BERTRAND BUSSIÈRE