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24 octobre 2015 6 24 /10 /octobre /2015 16:52

Je n’ai jamais utilisé ce blog pour promouvoir les travaux de mon laboratoire au Cnam, mais je pense pertinent de relater ici la façon dont l’AFP a refusé de publier une dépêche relative à une recherche menée par mon équipe. Car cette situation comporte des enseignements qui dépassent le cas particulier de cette étude.
Le sujet est celui de la mesure de l’efficacité des actions visant à améliorer l’hygiène des mains dans les établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes (EHPAD). Dans cette étude interventionnelle menée dans 26 EHPAD gérés par le groupe Korian pendant un an en 2014 et 2015, 13 établissements ont été tirés au sort dans lesquels un programme renforcé d’éducation sanitaire visant à renforcer les actions d’hygiène des mains a été implanté. Dans 13 autres établissements également tirés au sort, il n’y a avait pas d’incitation à faire plus qu’habituellement.
Différents indicateurs ont été suivis. Le principal résultat consiste en une baisse de 30 % de la mortalité dans le groupe d’établissements ayant bénéficié du programme renforcé. On observe aussi une augmentation significative de l’usage des solutions hydroalcooliques et une baisse de la consommation des antibiotiques.
A la veille de la période épidémique, il y avait un enjeu de santé publique à rendre publics ces résultats. Ils ont fait l’objet d’une conférence de presse le 13 octobre dernier. J’ai été interviewé par une journaliste de l’AFP qui a préparé une dépêche relatant ces résultats. Quelques heures après, la journaliste m’a informé par SMS que l’AFP refusait de publier cette dépêche au motif que l’AFP ne relate pas « des études et des sondages commandés par un parti, une entreprise ou un syndicat ».
Cette décision est incompréhensible et choquante. Elle s’apparente à une censure nocive pour la santé publique.
J’ai déjà souligné
ici qu’en matière de gestion des risques, la question des conflits d’intérêts méritait une grande attention. Mais où sont ces conflits ici ? Le Cnam a reçu 15 k€ pour rémunérer en CDD un statisticien qui a réalisé l’analyse des données. Ni moi ni mes collaborateurs n’avons touché un euro pour ce travail. La question est de savoir si cette subvention est de nature à biaiser les résultats. Autrement dit, y a-t-il pour le groupe Korian un intérêt à ce que l’étude montre un résultat positif ou négatif. J’ai longuement réfléchi à cette question et je n’en vois pas, mais mes lecteurs auront peut-être un avis différent qui sera alors bien sûr publié. Korian n’a rien à vendre qui soit en relation avec cette étude, sinon sa responsabilité vis-à-vis de ses résidents et son souci louable, me semble-t-il, de mettre en œuvre des actions de prévention fondées sur des preuves scientifiques.

En refusant de publier les résultats de cette étude, j’estime que l’AFP a failli à sa mission de service public d’information et n’a pas compris l’enjeu de santé publique qu’elle comporte. Rien n’empêchait l’AFP de m’interroger sur l’impact du financement partiel reçu de Korian sur la validité des résultats. Cela aurait été un travail de journaliste tout à fait souhaitable et j’aurais volontiers discuté ce point si l’opportunité m’en avait été fournie.
La portée générale de cette décision renvoie à la suspicion de manipulation des résultats lorsqu’une étude reçoit un financement partiel ou complet de la part d’une entreprise. C’est bien sûr une question sensible. Si, sans aucune procédure d’instruction, on décide que les études financées par une entreprise sont nécessairement non fiables, alors celles-ci auront beau jeu de ne plus financer aucune recherche scientifique. Est-ce bien cela que l’on souhaite en adoptant une position de censure systématique ? À mon sens, ce n’est pas la bonne attitude. Une information loyale consisterait à informer sur la source de financement et à s’interroger sur les biais que celle-ci peut induire. Cela demande un travail qui définit la valeur ajoutée d’un organe de presse digne de ce nom.
Dans le cas présent, on peut s’interroger sur la politique éditoriale de l’AFP. Est-ce un excès de pouvoir, une paresse de l’esprit ou une décision salutaire ? Le débat mérite d’être posé.

Gestion des risquesL'Institut du bien vieillir Korian confirme que l'hygiène des mains modifie les taux de mortalité

Publié le 14/10/15 - 15h29 - HOSPIMEDIA

Publié le 14/10/15 - 15h29 - HOSPIMEDIA - HOSPIMEDIA

Publié le 14/10/15 - 15h29

Comme annoncé cet été, les résultats de l'étude sur l'hygiène des mains, initiée par l’Institut du bien vieillir Korian* ont été présentés à la presse ce mardi 13 octobre. Ils prouvent, chiffres à l'appui, que la mise en place de protocoles spécifiques (solutions hydro-alcooliques, sensibilisation à l'hygiène, formation...) peut agir de façon significative sur la mortalité des résidents d'Ehpad. Pendant un an, vingt-six établissements ont ainsi été sollicités pour un essai randomisé avec un groupe témoin et un groupe d'intervention, est-il signalé dans le dossier de presse de l'institut. À six et douze mois de la mise en place de cette étude, plus de décès dans le groupe témoin sont constatés. Les établissements concernés affichent un an après le début de l'étude, un taux mensuel de décès de près de 3,6% contre 2,4% pour les Ehpad appliquant le protocole. Dans ce groupe, une consommation supplémentaire (équivalente à 40%) de solutions hydro-alcooliques (Sha) a également été observée.

Parmi les autres atouts de cette opération, l'institut indique que la sensibilisation à l'hygiène des mains a permis d'améliorer les habitudes des professionnels qui désormais respectent pendant les soins le port de la tenue manches courtes, n'ont plus de bijoux et appliquent pour le lavage des mains la technique de la friction. Parmi les points de vigilance à surveiller, figure le déploiement des bonnes pratiques et, entre autres, l'utilisation des Sha par les intervenants extérieurs et les visiteurs de l'Ehpad (ambulanciers, médecins traitants, kinésithérapeutes). L'institut suggère aussi d'assurer la mise à disposition de savons et d'essuie-mains sur les chariots de soins des établissements.

Par ailleurs, en amont de la journée mondiale du lavage des mains portée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et programmée le 15 octobre, l'Institut du bien vieillir diffuse un guide publié dans sa collection "Les essentiels" pour déployer sur l'ensemble des Ehpad du groupe Korian les bonnes pratiques. Il y est ainsi rappelé que "70% des microbes sont transmis par les mains et que 20 à 50% des infections associées aux soins peuvent être évitées grâce à une bonne hygiène". Deux gestes sont mis en avant : la désinfection par friction avec une solution hydro-alcoolique et le lavage des mains au savon doux. Dans le dossier de présentation de cette initiative, Philippe Denormandie, directeur général de l'institut indique que le groupe Korian a "mis en place un programme de déploiement des mesures de prévention" comprenant des sessions de formation, des documents d'information en cas d'épidémies, ou encore des outils de mesure dans les établissements sur l'utilisation des solutions hydro-alcooliques.

Lydie Watremetz

* Cette étude a été réalisée entre avril 2014 et avril 2015 dans le cadre d'une collaboration entre l'Institut du bien vieillir Korian, le conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et les laboratoires Anios.

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