Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 septembre 2018 4 20 /09 /septembre /2018 12:04

L’édifiant reportage d’«Envoyé spécial» sur les dérives des maisons de retraite privées
 
Les journalistes d’« Envoyé Spécial » ont enquêté dans des maisons de retraite privées, qui privilégient la rentabilité au bien-être de leurs patients. Cat & Cie
 

Sur France 2, «Envoyé spécial» propose jeudi soir une enquête édifiante sur des maisons de retraite privées qui accueillent nos aînés… Où la rentabilité compte davantage que l’accompagnement et les soins.

Méfiez-vous des apparences. Derrière les publicités alléchantes et les bâtiments de certaines maisons de retraite, la course au profit fait rage. C’est ce que démontre jeudi soir l’enquête « Maisons de retraite : Derrière la façade » réalisée pour le magazine « Envoyé spécial » sur France 2 (à 21 heures). La journaliste Julie Pichot a tenté de pousser les portes des Ehpad, ces maisons de retraite médicalisées privées dont un quart est géré par des groupes (Orpea, Korian…) cotés en Bourse. Objectif : voir comment les résidents âgés à qui l’on promet confort, accompagnement, soins, restauration de qualité moyennant 3000 € à 10 000 € par mois, sont réellement pris en charge.

 

 

 

Mais pas si simple de pénétrer ce monde opaque. « Aucune des structures appartenant à ces grands groupes n’a accepté que nous filmions, déplore Denis Boutelier, le producteur du sujet (CAT & Cie). De plus en plus de familles et de soignants ont envie de parler. Mais c’est une prise de risque pour eux : les employés peuvent perdre leur job et les proches craignent des mesures de rétorsion vis-à-vis de leur parent. » Certains ont pourtant accepté de se livrer et de filmer à l’intérieur des établissements. Leur constat est accablant.

 

« Cela présentait bien. Je suis entrée là en toute confiance. Mais la réalité, petit à petit, se dévoile », raconte Dominique, dont la maman est décédée à 92 ans dans une maison située près de Strasbourg (Bas-Rhin) où elle est restée un an et demi. « Quand on laisse une personne dans des draps souillés, qu’il y a des couches souillées dans la salle de bains, j’appelle cela de la maltraitance, car la dignité de la personne est atteinte. » Comme d’autres, Dominique pointe dans le reportage le manque de personnel, les médecins fantômes, l’abandon des seniors.

Paul, dont la mère atteinte de la maladie d’Alzheimer est en maison de retraite depuis sept ans, révèle les images saisissantes tournées avec son téléphone en 2015 et 2016 : des papys et mamies délaissés au réfectoire et incapables de manger seuls, un résident tombé de son fauteuil et que personne n’aide à se relever faute de personnel présent…

 

-
Des enfants de résidents ont filmé les conditions catastrophiques de vie dans certains établissements./Cat & Cie

 

Et que dire de cette scène prise cette année par une employée ? Celle d’un homme âgé sujet aux chutes et pour lequel un matelas a été mis à même le sol… Il a dû attendre un mois et demi avant de bénéficier d’un lit à barrières. Choquante aussi, cette séquence filmée à Marseille (Bouches-du-Rhône) par une aide-soignante : abandonnée dans un couloir en pleine nuit, une vieille dame demande de l’eau et propose de payer pour pouvoir s’hydrater… L’enquête pointe aussi la nourriture et les couches (trois pour la journée) rationnées, les soins vite expédiés, les négligences au nom d’une logique de profit et de rentabilité.

Hausse des interventions du Samu dans ces maisons

« La particularité des Ehpad privés, c’est l’absence de stabilité du personnel, une sous-médicalisation catastrophique dans un environnement parfois clinquant », affirme, face à la caméra, le patron du Samu de Seine-Saint-Denis qui a constaté une hausse de 63 % des interventions dans ces établissements en cinq ans. « Aujourd’hui, on a des personnes qui décèdent par défaut de soins. »

Loin donc de l’image idyllique donnée dans les brochures. « Il y a une vingtaine d’années, l’Etat a fait appel au secteur privé, car les maisons de retraite publiques étaient dépassées. Mais on assiste à une dérive : ces groupes ont pour première préoccupation de gagner de l’argent, ce qui les pousse à faire des impasses sur la prise en charge de nos aînés, résume le producteur, Denis Boutelier. C’est un vrai problème de santé publique et cela touche des millions de gens. » La solution ? Imposer des normes plus exigeantes pour déployer des effectifs et multiplier les contrôles… Ou dénicher une maison de retraite gérée par une association, comme celle filmée dans le sujet ce jeudi soir où l’attention portée aux anciens semble prioritaire

 

http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/tv/l-edifiant-reportage-d-envoye-special-sur-les-derives-des-maisons-de-retraite-privees-19-09-2018-7895256.php

Partager cet article

Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog des salarié-es de Korian
  • : Lutte,infos,news des travailleurs du groupe Korian
  • Contact

Traducteur/Translate

Recherche