La recherche du profit dans le secteur des maisons de retraite n'est pas incompatible avec le bien-être des résidents, à condition de viser un "bénéfice raisonnable", a plaidé mercredi 16 février devant les députés la patronne du groupe d'Ehpad privés Korian à l'Assemblée nationale.
Dans les Ehpad privés, le profit et la bientraitance ne sont pas incompatibles : voilà ce qu'a défendu la directrice générale de Korian, Sophie Boissard, devant la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale ce mercredi 16 février. "Oui, nous sommes une entreprise, et oui nous devons avoir une activité profitable, je l'assume, c'est la condition sine qua non pour investir", a-t-elle ajouté.
Madame Boissard a dit que les directeurs d'établissements sont autonomes : c'est faux …les directeurs doivent avoir l'aval du siège à partir de 500€ d'achat et pour les embauches en CDI il faut l'autorisation du directeur régional.
Cependant, "les profits ne sont pas une fin en soi. Dans notre activité, qui est une activité d'intérêt général, du bien commun, nos profits sont un moyen au service de notre mission", a poursuivi la dirigeante, interrogée par les députés qui s'intéressent aux révélations du livre "les Fossoyeurs" sur des maltraitances supposées au sein des Ehpad du groupe Orpea, concurrent de Korian.
Un point important sur lequel la CGT n’est pas d’accord, nous revendiquons un grand service public de la santé. Nous réfutons et combattons la marchandisation de la santé. Nous militons et revendiquons la nationalisation des groupes d’Ehpad privés lucratifs. Oui, nous affirmons que la recherche du profit avec une prise en charge de qualité des résident.es et de meilleures conditions de travail des salarié.es ne sont pas compatibles.
"La notion de bénéfice raisonnable a du sens dans notre secteur", a encore dit Mme Boissard, estimant que sur ce point, son entreprise était "raisonnable": en 2020, a-t-elle détaillé, le groupe a réalisé 1,8 milliard de chiffre d'affaires, et a investi 400 millions dans la rénovation de ses établissements et ses systèmes d'information, tout en versant 30 millions d'euros à ses actionnaires sous forme de dividendes.
Quand on sait qu’en France 50% du chiffre d’affaires des Ephad est financé par des fonds publics : 60% de la masse salariale des soignants par l’ARS (sécurité sociale), 40% de la masse salariale de l’entretien par les conseils départementaux (impôts) et 60€ par jour et par résident toujours financés par fonds publics, on se rend compte d’où viennent les bénéfices « raisonnable » ! 30 millions d’euros c’est 520€ par salarié. e de toute l’Europe au lieu de le donner aux actionnaires.
Aucune consigne donnée pour rationner, selon Korian
Devant les députés, la patronne de Korian a pris soin de se démarquer de son concurrent Orpea, dans la tourmente depuis la parution du livre de Victor Castanet. Sans "avoir la prétention de dire que tout est parfait chez Korian", elle a souligné que le "système" décrit dans le livre n'avait "rien à voir" avec la culture d'entreprise chez Korian.
Nous renvoyons Madame Boissard aux témoignages des salarié.es depuis des années que la CGT Korian a fait remonter soit par mail à la direction générale, tracts, communiqués de presse. A priori Madame Boissard doit avoir une écoute et une lecture sélective !
Les remplacements des salarié.es absent.es : Madame Boissard a confirmé devant les députés que Korian remplace toutes les absences sauf les absences du jour inopiné, c’est faux il y a une politique de non remplacement à 100% assumé par la direction générale et c'est bien marqué dans les PV CSE et RPX... (1 soignant pour 10 résidents sans prendre en considération les pathologies des résidents ni l'architecture de l'établissement)
"Il n'y a aucune consigne qui serait donnée pour rationner" les protections hygiéniques des personnes âgées, a-t-elle affirmé. "Si des faits de rationnement me sont rapportés, c'est une faute, c'est maltraitant".
Des frais siège sont facturés aux établissements : Madame Boissard et M.Merigot ont confirmé que cela représenter 4 % de chiffre d'affaire et qu’il n’y avait pas d'impact sur les établissement, le chiffre exact est 2850€ par lit et quel que soit le taux d'occupation :exemple un ehpad de 100 lits doit verser 285 000€ par an au siège...Nous poserons la question en CSEC pour comprendre comment font les directeurs.trices pour y arriver et on nous expliquera qu'il n'y a pas d'impact...
S'exprimant également devant les députés, le directeur général de Korian pour la France, Nicolas Mérigot, a affirmé de son côté que son entreprise n'empochait aucune rétrocommission de la part de ses fournisseurs. Le groupe obtient certes des réductions de l'ordre de 20% grâce à sa centrale d'achats, mais communique ensuite aux pouvoirs publics le prix réellement payé, en vue d'obtenir des financements au titre de l'enveloppe "soins" et "dépendance" des résidents, a-t-il détaillé.
Nous nous ferons un devoir de demander en Comité Social Economique et Central que l’entreprise nous fournisse les éléments pour étayer les propos de Monsieur Mérigot !
Korian, qui n'est pas principalement visé dans l'enquête de Victor Castanet, a malgré tout subi le contre-coup de la déflagration médiatique suscitée par le livre, son cours de Bourse ayant perdu environ un tiers de sa valeur depuis le 24 janvier.
Pour terminer, juste un petit extrait du livre :