Le groupe Medica France doit racheter la maison de retraite déficitaire de Brigueil-le-Chantre et rouvrir celle, désaffectée, de La Trimouille.
L'Ehpad public " Val de Benaize ", qui héberge 70 à 75 personnes âgées à Brigueil-le-Chantre, actuellement géré par le Sivom du canton de La Trimouille, devrait passer, d'ici à l'automne, dans le giron de Medica France, troisième groupe français de l'hébergement des personnes âgées.
Les cadres ont déjà rencontré à Brigueil les salariés de l'établissement, les résidants et leurs familles, pour présenter leur société et répondre aux questions. Du point de vue administratif, le dossier est entre les mains des autorités de tutelle, l'Agence régionale de santé et le conseil général.
Personnel repris
Au Sivom, on est confiant sur l'aboutissement, d'ici la fin de l'été, de ce « projet solide » : « Medica France reprend tout le personnel et transforme les emplois précaires actuels en CDI, indique Brigitte de Fontaine, présidente du Sivom. Ils s'engagent par ailleurs à réaliser des travaux dans la maison de retraite de La Trimouille [fermée depuis fin 2011] pour la rouvrir en 2014. » Quant au prix de journée, source d'inquiétude pour les résidants et leurs familles, « il sera maintenu, nous a indiqué hier Medica France, dans une communication prudente : Le transfert de gestion est encore soumis à l'accord des autorités de tutelle. Notre projet se situe dans la continuité de l'action du Sivom, en apportant à l'établissement la démarche de qualité du groupe et la certification NF Services ».
Urgence de vendre
Brigitte de Fontaine et son vice-président, Richard Krzyzelewski, ne cachent pas leur soulagement à l'arrivée de ce repreneur. Il y avait urgence, en effet, à céder l'établissement, endetté de
1,2 million d'euros, déficitaire chaque année de 150 à 160.000 €. « A l'origine, le dossier a été monté pour atteindre la rentabilité à 122 lits : 80 à Brigueil et 42 à La Trimouille
», expliquent les élus. Le problème, c'est que l'établissement les Albizzias, désaffecté fin 2011, nécessite des travaux de remise aux normes pour rouvrir. Un chantier hors de portée des
finances du Sivom, qui s'est retrouvé dans un coûteux cercle vicieux.
Il y a un an, un autre groupe s'était porté acquéreur, mais la vente a capoté fin 2012. Jusqu'à l'arrivée providentielle de Medica, l'affaire a donné des sueurs froides aux élus et aux
autorités de tutelle.
Tensions entre les élus
D'autant qu'elle cristallise les tensions entre élus du canton. Sur les quinze membres du Sivom, six ont voté contre la vente. « Nous ne sommes pas opposés au projet de Medica qui paraît
très sérieux, explique Raymond Gallet, maire de Coulonges. Les heurts sont liés à l'utilisation de l'argent de cette vente, s'il en reste. On pourrait le consacrer à d'autres projets
publics bénéficiant au canton, comme la construction d'une maison de santé, des travaux à la gendarmerie et à l'école. »
Pour Brigitte de Fontaine : la transaction permettra de « niveler la dette, à 50.000 € près, les restes à payer seront répartis entre les collectivités par le comptable du Trésor. » La
présidente du Sivom écarte la possibilité que l'argent de la vente de la maison de retraite de La Trimouille soit versé dans le pot commun : « Ce bâtiment appartient à la commune de La
Trimouille et sera vendu dans un dossier à part. »
repères
Le groupe Medica France est déjà bien implanté dans la région Poitou-Charentes avec une douzaine d'établissements, dont trois dans la Vienne, à Chasseneuil-du-Poitou (Le Doyenné de la Clairière aux chênes), Poitiers (Résidence Agapanthe) et Les Trois-Moutiers (Résidence des Trois-chemins). Présenté comme le troisième opérateur privé d'Ehpad en France, Medica gère également des établissements de soins de suite et de réadaptation ainsi que des cliniques psychiatriques avec au total 10.700 salariés et 16.600 lits.
à suivre
Sur la soixantaine de personnes travaillant à l'Ehpad, 25 sont des fonctionnaires territoriaux du Sivom. « Ils pourront être mis à disposition de Medica France en conservant leur statut ou
alors se mettre en disponibilité de la fonction publique territoriale et travailler sous contrat privé avec la possibilité de retrouver leur ancien statut pendant dix ans, ou alors quitter la
fonction publique pour passer au privé », explique Richard Krzyzelewski, vice-président du Sivom.
A la CFDT, on prend acte des « bonnes intentions » affichées à ce stade par Medica France : « Ils ont un discours encourageant, indique le délégué CFDT du centre de gestion.
Mais il s'agit pour l'instant d'un engagement oral. Nous serons vigilants, lors des négociations, pour que les agents qui le souhaitent conservent leur statut de fonctionnaire territorial.
Les entretiens individuels commencent début juin. Nous en saurons davantage à ce moment-là. Les salariés sont entre deux chaises depuis un an et demi, ils ne vivent pas une situation facile.
»