Les grévistes de la Polyclinique de l'Ormeau à Tarbes en appellent à l'arbitrage de Matignon
Publié le 02/01/17 - 17h20 - HOSPIMEDIA
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Publié le 02/01/17 - 17h20
Alors que la grève à la Polyclinique de l'Ormeau entre dans son 56e jour, les salariés mobilisés en appellent à une réunion interministérielle pour trouver une issue favorable. La direction de l'établissement, refusant des recommandations financières d'un médiateur, estime proposer des solutions "très significatives" de sortie de crise.
Au 56e jour de grève à la Polyclinique de l'Ormeau, établissement du groupe Médipôle Partenaires situé à Tarbes (Hautes-Pyrénées), les salariés engagés dans le mouvement et la CGT réclament désormais une réunion interministérielle réunissant représentants des ministères de la Santé et du Travail, du groupe de cliniques et des salariés, sous l'égide de Matignon*. Ceci afin de trouver une issue favorable à leurs revendications en matière de salaires et de conditions de travail.
Appel à faire "entendre raison" aux groupes "financiers"
Après avoir multiplié depuis le 8 novembre (lire notre article) les manifestations, lettres ouvertes, pétitions, interpellations aux élus, appels de soutien à la population et même occupation des locaux de l'ARS Occitanie à Montpellier (Hérault), les salariés grévistes espèrent en effet que les ministères "cessent de rester inactifs face à l'attitude prédatrice [des] groupes financiers" gestionnaires de cliniques. Ils expliquent ainsi dans une lettre ouverte adressée le 28 décembre à Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, qu'il est "maintenant de la responsabilité des pouvoirs publics de faire entendre raison à Médipôle Partenaires (...) [qui] impose sa stratégie de développement financier, sa fusion avec [le groupe de cliniques] Elsan et sa recomposition de la carte sanitaire" et a "préféré perdre 3 millions d'euros que de répondre à ce conflit".
Dans un courrier adressé le 10 décembre au Gouvernement, les responsables départementaux de la CGT exposent leurs revendications. Des ambitions d'ailleurs revues quelque peu à la baisse par rapport aux demandes initiales, au fil des discussions des salariés en grève, mais jugées "plus que justifiées et tout à fait supportables pour une clinique en bonne santé financière". Ils demandent ainsi une augmentation de la valeur du point de 7,25 à 7,38 €, la mise en place d'un treizième mois en lieu et place de la rémunération annuelle garantie (Rag) et une prime de fin d'année "pérenne" de 900 € brut. Et ces dispositions "doivent s'appliquer pour les coefficients les plus bas, sur le salaire réajusté à hauteur" du salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic).
Concernant les conditions de travail sont listées une dizaine de revendications parmi lesquelles la conservation de certains postes, l'abandon d'un projet relatif aux services d'hospitalisation de semaine et de chirurgie conventionnelle, ou encore la prise en compte des temps de pause en travail effectif. Une organisation de travail intégrant les équipes d'agents de service hospitalier (ASH) aux équipes de soins "en respectant les effectifs déjà mis en place" et un engagement de la direction à remplacer les personnels absents, à mettre en place des plannings fixes et respecter des délais minimum pour avertir de changements d'horaires, sont également demandés. Mais devant l'enlisement du conflit, un médiateur nommé par la direction régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Dirrecte) a entamé les concertations le 19 décembre. Des discussions qui ont très rapidement achoppé...
Rejet des propositions du médiateur par la direction
Parmi ses propositions, qu'Hospimedia a pu consulter, le médiateur recommande notamment d'attribuer à compter de ce 1er janvier "une prime d'intégration pérenne et annuelle de 700 € par salarié (...)" et d'attribuer pour 2016 une prime de fin d'année en portant le taux de la Rag à 8,33%. Il souligne que ces propositions tiennent comptent de la "bonne situation financière de l'établissement", analysée par un cabinet d'audit, et ne sont pas de nature à "remettre en cause sa performance économique". Mais quelques jours plus tard, le médiateur a informé les grévistes que la direction de la Polyclinique lui a fait part via une lettre datée du 26 décembre de sa décision de "refuser sa recommandation". "Si la direction accepte l'ensemble des propositions relatives à l'organisation des soins (...), elle n'accepte sur le volet financier que ma première proposition relative à la Rag, écrit-il. En revanche, elle rejette ma deuxième proposition d'octroyer à l'ensemble des salariés une prime pérenne et annuelle de 700 €". Les motifs de ce rejet tiennent, explique la direction, aux baisses tarifaires observées depuis 2010 qui ont engendré une perte du chiffre d'affaire de 722 000 € environ en 2015 et de 700 000 € en 2016. Ils tiennent aussi aux "incertitudes économiques liées aux baisses de tarif, aux difficultés rencontrées dans le recrutement médical et la nécessité de poursuivre de lourds investissements".
Un effort financier "significatif" face à une grève "dévastatrice"
Parallèlement, la direction a fait connaître aux salariés, ce même 26 décembre, ses "propositions définitives de sortie de crise". Elle affirme avoir "multiplié les réunions de négociation pour essayer de sortir de cette impasse" et regrette en préambule que la CGT ait entraîné "environ 40% du personnel dans une grève dévastatrice qui dure (...) depuis bien trop longtemps". Elle confirme accepter les demandes liées aux conditions de travail, dont la création de nouveaux postes pour des aides-soignants aux urgences, la mise en place de plannings fixes, le maintien des pools de remplacement ou encore le temps de travail de nuit porté à 33,6 heures pour tous les services, etc. Concernant les rémunérations, elle annonce maintenir "sa proposition très significative d’accorder l'équivalent d'un treizème mois à l'ensemble des salariés (Rag portée à 8,33%)". Elle propose de plus d'attribuer "de façon pérenne" une prime de 200 € brut. Enfin, "à titre exceptionnel", elle propose de verser à l'ensemble des salariés présents dans l'effectif ce 1er janvier une prime de 300 € brut. Des propositions néanmoins jugées insuffisantes par les grévistes, déterminés à ce jour à poursuivre leurs actions et à leur donner un écho national, dans l'attente d'éventuelles réponses ministérielles.
Caroline Cordier