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20 juin 2018 3 20 /06 /juin /2018 12:21

Maisons de retraite : «Un peu plus de 2500 places pour les aînés par an»
>Économie>Retraites|Virginie de Kerautem|18 juin 2018, 16h09|1
Sophie Boissard, directrice générale de Korian. LP/ Philippe Lavieille
 

En plus de vouloir adapter au mieux ses solutions d’accueil, Korian, leader privé des soins et de l’accompagnement des aînés, veut renforcer la formation des soignants.

Vous revendiquez la 1ère place du secteur. Quel est votre poids ?

SOPHIE BOISSARD, directrice de Korian. Nous sommes 49 000, dont 83 % de femmes. En 2017, 250 000 personnes, de plus de 80 ans en moyenne, ont eu recours à l’un de nos 750 établissements de soins, cliniques, maisons de retraite et résidences services. Deux tiers d’entre elles s’adressent à nous pour des services médicaux après une opération, pour de la rééducation… Et un tiers vivent dans l’une de nos maisons de retraite ou résidences services. Ce sont des habitats collectifs où chacun a son appartement, sa cuisine. Les repas peuvent être apportés ou pris au restaurant…

Cela représente quel volume d’activité ?

Notre chiffre d’affaires est de 3,1 Mds€, dont la moitié en France. L’Allemagne est notre deuxième grand pays, suivie de la Belgique et l’Italie. Nous sommes l’une des premières entreprises employeur de France, avec 3 500 recrutements l’année dernière en CDI. Nos réseaux fonctionnent avec 80 à 100 collaborateurs par site, la moitié de personnels soignants, infirmières, médecins, kinés… Ce sont des emplois locaux.

Beaucoup de soignants dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail et de leur salaire…

Etre soignant, ce n’est pas un métier comme les autres. Il faut être sur le pont toute l’année. Nous développons depuis deux ans une stratégie sociale et salariale négociée et sommes la seule entreprise du secteur à proposer un 13e mois. On a par ailleurs signé le premier accord sur la qualité de vie au travail. C’est notre priorité numéro 1. La formation est également primordiale (lire ci-dessous).

Votre modèle évolue-t-il ?

On veut intégrer les attentes sociales, construire avec les intéressés des solutions à la carte selon leur degré d’autonomie pour faciliter les soins ou la rééducation ponctuelle, l’accueil temporaire en maison de retraite…

Il y a aussi les structures Ages et Vie…

Ce rachat date de la fin de l’année. On a 30 résidences accueillant au total près de 300 personnes, construites dans des petites villes ou des communes périurbaines. Il s’agit de colocation entre seniors. Chacun a son studio mais dispose d’une grande pièce commune de vie. Ils cuisinent et prennent leur repas ensemble… Ils restent à proximité de leur lieu de vie initial avec la même pharmacie, le même médecin. C’est une bonne manière de ne pas vieillir seul tout en conservant son autonomie. On prévoit d’en ouvrir au moins 300 d’ici sept ans.

Cela suffit-il pour faire faceau vieillissement de la population et à la hausse des maladies chroniques ?

Le besoin d’accompagnement augmente d’environ 3 % par an. Nous avons des listes d’attente mais nous créons plus de 2 500 nouvelles places par an sur un réseau de 75 000 aujourd’hui.

Quels sont vos prix ?

Le tarif moyen à la charge de la famille en France est de 90 € par jour pour les maisons de retraite. Un peu moins dans les autres pays. Ça peut sembler très cher au regard de la moyenne des retraites (NDLR : 1 532€ brut en 2016 selon la Drees), mais il faut savoir que sur une base 100 dans une maison médicalisée, 60 % correspondent aux charges de personnel, 16 % à l’entretien des bâtiments, 15 % en nourriture, médicaments… La rémunération de l’exploitant est de 2 %. En deçà d’un certain niveau de revenus, l’aide sociale peut prendre en charge une partie de l’hébergement.

Et dans les résidences services ?

Le reste à charge moyen est de 50 € par jour. Le résident y vit plusieurs années. Il faut donc que les budgets soient en rapport avec ses revenus mensuels. Souvent, les familles peuvent être amenées à financer son séjour par la vente de sa maison ou son appartement.

Le gouvernement vous consulte-t-il à propos du bien vieillir ?

Bien sûr. Notre organisation professionnelle a été interrogée sur la feuille de route qu’a présentée la ministre de la Santé, Agnès Buzyn (NDLR : celle-ci prévoit notamment un plan global de soutien aux aidants). Par ailleurs, nous imaginons avec plusieurs acteurs du secteur les besoins et technologies à horizon 2025-2030. Comment intégrer par exemple les objets connectés dans le quotidien de l’environnement des personnes âgées… Se préparer au très grand âge et vieillir en sérénité, c’est un sujet difficile mais cela s’anticipe quand on est encore en forme. Cet enjeu de société dépasse les seules problématiques de Korian.

Quels sont vos investissements prioritaires ?

On consacre 100 M€ par an pour moderniser nos établissements. L’année dernière, nous avons aussi mis 150 M€ pour de nouveaux bâtiments. J’investis également dans les systèmes d’information, nécessaires pour dématérialiser la gestion, faciliter les commandes de médicaments…

 

-
Sophie Boissard, Pdg Korian (Ephad) au siège de Korian, à Paris/LP/ Philippe Lavieille

 

Pour la formation, Korian compte sur les partenaires publics

« On va continuer à investir fortement dans la formation et le développement professionnel », promet Sophie Boissard.

Dans l’entreprise, assure-t-elle, « on peut entrer comme agent de service, passer une certification d’aide-soignante avec une spécialité gériatrique, ou même accéder au diplôme d’infirmier ». Selon elle, l’année dernière, 200 salariés ont terminé un parcours qualifiant avec un diplôme d’Etat à la clé. D’ailleurs, 5 000 collaborateurs sont engagés dans le « passeport gériatrique ». Cette formation qualifiante de 200 heures est proposée dans une académie interne.

« J’espère que la réforme de la formation professionnelle va nous permettre de poursuivre dans ce sens », souhaite la dirigeante. Mais celle-ci d’insister sur le soutien des partenaires publics et des organismes de formation pour construire ces parcours sans avoir à porter seule cette charge financière. « On a collectivement besoin de comprendre que ce sont des métiers d’avenir », estime-t-elle. Ces postes sont rémunérés par Korian autour de 1,3 smic, soit 1 948 € brut par mois sur la base d’un smic à 1 498,47 € pour 35 heures hebdomadaires.

Une aide-soignante avec 7 ans d’ancienneté gagne par exemple entre 1,2 et 1,5 fois le smic et une infirmière comptant 5 ans d’ancienneté touche 1,6 à 2 fois le salaire minimum. « En France, on est à 33 soignants pour 100 personnes », explique Sophie Boissard pour qui « une moyenne d’une aide-soignante pour 10 personnes, dans la tranche du matin, est un bon ratio pour s’assurer du temps nécessaire pour chacun »

BIO EXPRESS

1970 : naissance à Paris (XIIe) 1990-1996 : Sciences-Po, master d’histoire, ENA 1996 : auditrice au Conseil d’Etat 208-2014 : stratégie de développement pour le groupe SNCF Depuis janvier 2016 : directrice générale de Korian, leader européen des maisons de retraite médicalisées.

 

http://www.leparisien.fr/economie/retraites/maisons-de-retraite-un-peu-plus-de-2500-places-pour-les-aines-par-an-18-06-2018-7779441.php

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