À Toulouse, des cliniques se regroupent pour faire face aux rachats de nombreux établissements privés par des fonds d’investissements internationaux. Décryptage.
Sur les 58 cliniques privées de Midi-Pyrénées, la moitié est détenue par des fonds d’investissements internationaux. À Toulouse, c’est
le cas d’Ambroise Paré rachetée par Médi-Partenaires ou de la Polyclinique du Parc, Saint-Jean Languedoc, de Beaupuy et des Cèdres qui appartiennent à Capio. Le groupe suédois envisageait même
le rachat de la clinique de L’Union, en difficulté financière, et l’ouverture pour 2014 d’une nouvelle clinique polyvalente à Quint-Fonsegrives. Même si pour cette dernière, les travaux n’ont
toujours pas débuté… « C’est une délocalisation inversée ! Contrairement aux usines, nos cliniques ne sont pas exportables. Mais en laissant des groupes étrangers racheter nos établissements,
c’est tout un patrimoine que l’on laisse partir », proteste Franck Berthoumieu, le p-dg de la clinique Pasteur. « Le risque à terme ? Que ces gros groupes financiers décident, seuls, des tarifs
des prestations ! »
Se regrouper pour se développer
Face à ces rachats, les cliniques Pasteur (cardiologie et cancérologie), Saint-Exupéry (néphrologie), Monié (gériatrie et soins de suite) et Médipôle Garonne (chirurgie orthopédique) ont ouvert
« une troisième voie à côté de l’isolement et des fonds de pension » : elles ont fondé, à Toulouse, l’alliance Clinavenir. Cette société filiale, dont elles sont actionnaires à parts égales,
veut faire primer l’intérêt du patient et le projet médical sur la logique financière.
Une démarche qui a séduit les cliniques Sarrus Teinturiers et Saint-Nicolas qui viennent de rejoindre Clinavenir« Seul, on ne peut plus se développer… D’où l’idée de se regrouper pour rester
indépendants et promouvoir une certaine qualité médicale », enchaîne Franck Berthoumieu, le président actuel de la société filiale, qui veut privilégier le réinvestissement des profits dans les
structures et l’outil de travail.
À travers Clinavenir, les cliniques vont pouvoir mutualiser les moyens, partager les expériences, mener ensemble des projets médicaux et investir en commun. Une alliance qui pourrait attirer
une vingtaine de cliniques privées (telles la clinique de l’Union, la Polyclinique de l’Ormeau à Tarbes, la clinique du Docteur Cave à Montauban), dont le capital social reste majoritairement
aux mains du corps médical ou d’actionnaires indépendants. Reste à savoir maintenant, si l’État « reconnaîtra et traitera différemment » ces cliniques privées 100% françaises… Mais rien n’est
moins sûr.
I. B.-D.