Entre appels à la sobriété et revendication de pratiques sociales, les tribunes de dirigeants en faveur d’un monde meilleur se multiplient. Une prise de conscience loin de se traduire en actes.
Une aide soignante de l’Ehpad Korian le Diamant, situé à Alençon (Orne), a enchaîné une trentaine de contrats à durée déterminée. Fin juin 2022, elle a obtenu la condamnation de son employeur devant le conseil des prud’hommes.
NAO : "Avec des augmentations générales, nous avons voulu renforcer le contrat social" (N. Plou / DRH France de Korian)
Le 22 juillet 2022 se sont achevées les négociations annuelles obligatoires chez Korian. Face à l’inflation et aux problématiques de pouvoir d’achat, les partenaires sociaux ont réussi à trouver, après cinq réunions de négociation, un accord signé par trois organisations syndicales représentatives (CFDT, CGT, Unsa). Alors que la direction proposait des dispositifs ciblés pour certaines catégories de salariés, le compromis finalement trouvé prévoit des mesures collectives avec des augmentations générales pour les non-cadres et des revalorisations supplémentaires pour les métiers en tension. Nadège Plou, DRH France de Korian, revient pour AEF info sur les principales mesures du texte, les besoins exprimés en matière de pouvoir d’achat et les priorités RH de la rentrée pour l’entreprise.
https://www.le-fruit-des-amandiers.com/2022/07/pourquoi-la-cgt-korian-signe-les-nao-2022.html
« Après avoir quitté la table des négociations annuelles obligatoires 2022, la CGT Korian a été entendue quant à certaines de ses revendications, la principale étant une revalorisation salariale pour l’ensemble des salariés du groupe. Korian a donc revu sa copie !
Alors que la direction ne proposait qu’une augmentation pour les trois métiers en tension (AS, IDE et cuisinier), la colère et l’action de la CGT Korian n’auront pas été vaines. Ainsi à partir du 1er Septembre 2022 »
AEF info : Quelles sont les dispositions majeures négociées dans le cadre de l’accord NAO pour 2022 ?
Nadège Plou : Nous avons signé avec trois de nos quatre organisations syndicales représentatives (Unsa, CGT et CFDT) un accord qui prévoit plusieurs mesures importantes.
Tout d’abord, des augmentations générales pour les non-cadres cumulant au moins un an d’ancienneté. 16 600 collaborateurs sont concernés. Cette augmentation se fait en deux paliers : 3 % pour les salariés dont le salaire est inférieur à 2 500 euros bruts par mois hors dispositions Ségur, et 2 % pour ceux qui sont au-dessus. Cela permettra à 100 % des non-cadres entrant dans le champ d’application d’être augmentés. Pour les cadres touchant moins de 2 500 euros hors Ségur, ils bénéficieront également d’une augmentation de 2,5 %.
Deuxième disposition forte : celle destinée aux métiers en tension que sont les aides-soignants, les infirmiers et les cuisiniers. En 2019, déjà, nous avions créé cette nouvelle grille avec les organisations syndicales. Aujourd’hui, nous ajoutons trois paliers supplémentaires pour ces métiers, ce qui institutionnalise une progression salariale de 14 % et 16 % sur les six premières années après l’embauche et permet de récompenser ainsi nos équipes les plus fidèles en nous détachant des minima de branche.
Ces mesures d’augmentations générales et de progression dans la grille sont cumulables.
« Pour la CGT Korian, cela représente déjà une avancée collective par rapport aux premières propositions de la Direction néanmoins, la CGT alerte que ces augmentations de salaire viendront en diminution de l’augmentation de la valeur du point et de l’ancienneté conventionnelle. A ce sujet la CGT Korian a alerté la direction générale et leur imposera la régularisation d’éventuelles pertes de salaire.
La CGT Korian luttera toujours pour plus d’égalité, de solidarité et de démocratie. »
AEF info : En quoi les mesures déjà permises par le Ségur de la Santé ont influencé les négociations ?
Nadège Plou : Notre but avec ces négociations était de tenir et renforcer notre contrat social, dans le contexte économique que nous connaissons, en sus du Ségur 1, qui a déjà permis des augmentations de 206 euros mensuelles pour tous les salariés cadres et non-cadres, et du Ségur 2 d’augmenter de 19 euros complémentaires les aides-soignants et de 54 euros les infirmiers.
« Curieux de s’approprier les mesures Ségur qui sont un financement public issu des cotisations salariales. »
S’ajoute à ces mesures la participation. Au 15 juin 2022, nous avons versé 1 000 euros en moyenne aux salariés, soit 2,5 fois le montant de l’année précédente. Nous avons également lancé un plan d’actionnariat salarié qui a permis à 23 % des salariés cadres et non-cadres en France d’obtenir des actions, avec un abondement de 200 euros de l’entreprise.
AEF info : L'accord prévoit-il d'autres mesures ?
Nadège Plou : En plus des mesures d’augmentations, nous nous sommes engagés à renforcer notre accompagnement social, en embauchant deux nouvelles assistantes sociales, en plus des deux que nous comptions déjà.
Le dernier axe de ces négociations consiste à poursuivre l’investissement de l’entreprise en matière d’accompagnement à la formation de nos équipes en poursuivant très largement nos actions en matière d’accompagnement à la VAE pour les CDI et en ouvrant cette voie à partir de septembre 2022 aux CDD disposant d’au moins trois mois d’ancienneté dans l’entreprise. Nous réitérons par ailleurs notre engagement en matière de formation par la voie de l’apprentissage en souhaitant accueillir au sein de nos structures 900 apprentis (soit 28 % de plus qu’aujourd’hui).
En résumé, ce nouvel accord doit concourir à attirer, fidéliser et former les professionnels de nos structures sanitaires et médico-sociales.
AEF info : La question du pouvoir d’achat est aujourd’hui au cœur des préoccupations des salariés. Comment les avez-vous pris en compte dans le cadre des négociations NAO menées chez Korian ?
Nadège Plou : Les attentes des salariés nous ont été remontées par les organisations syndicales, au rythme de nos cinq séances de négociation.
Au départ de nos discussions nous avons fait valoir du côté de la direction des propositions ciblées. Très vite, nous avons saisi le souhait des organisations syndicales de mettre en place des mesures plus collectives, et y avons répondu favorablement.
AEF info : L’Assemblée nationale vient de voter la prime de partage de la valeur. Allez-vous vous en saisir ? Quels montants seront alloués le cas échéant ?
Nadège Plou : Nous avions déjà mis en place une prime Pepa de 200 euros en 2019 et d’un montant permettant de compléter la prime Covid jusqu’à 1 500 euros en 2020. Notre objectif pour cette année a été de proposer des mesures visant à récompenser la fidélisation de nos équipes en continuant à faire évoluer leur salaire mensuel qui sert par ailleurs de base au calcul d’éléments variables telles que les heures supplémentaires ou complémentaires.
Ce choix est plus onéreux pour nous que de donner une prime, mais c’est plus durable et pérenne, et nous répondons ainsi à la volonté des organisations syndicales d’avoir une mesure gravée dans le marbre venant ainsi alimenter le contrat social de l’entreprise.
AEF info : Certains syndicats ont fait valoir la nécessité d’accéder à la subrogation, et du fait que les salariés attendent parfois de longues semaines avant de pouvoir toucher des indemnités en cas d’arrêt maladie. Comment travaillez-vous sur cette question ?
Nadège Plou : Nous travaillons, pour pallier cela, à la mise en place d’un versement hebdomadaire, à réception des montants versés par la prévoyance et ce en lieu et place d’un système de subrogation. Nous sommes en train de voir avec notre direction des services informatiques comment installer ce dispositif au plan technique mais nous travaillons d’arrache-pied avec nos équipes afin que les salariés ne rencontrent plus ces difficultés.
Nous avons subi récemment un allongement des délais de versement lié à une panne généralisée de l’outil informatique Prest ’IJ. Un gros travail a été réalisé par les équipes paie pour rattraper ce retard, sur les deux derniers mois. Nous devons poursuivre nos efforts pour réduire encore ces délais de versement. Nous portons une attention accrue à ce sujet, de manière à éviter que nos salariés ne se trouvent dans une situation délicate, notamment par le versement d’acomptes à chaque fois que nécessaire.
http://www.sante.cgt.fr/Compte-rendu-CPPNI-FHP-du-6-juillet-2022
AEF info : Nous sommes rentrés dans la période estivale. Comment gérez-vous cette période où l’on doit jongler entre le maintien de la qualité du service apporté aux résidents et les départs en vacances des salariés ?
Nadège Plou : L’été est toujours une période très sensible à laquelle nous attachons une attention particulière. Je souhaite saluer tout le travail réalisé par les managers de nos sites qui ont beaucoup anticipé la pose des congés et les plannings de leurs équipes car l’année dernière s’est révélée compliquée. Par ailleurs, afin de les aider sur cette période, en juin, nous avons créé 16 postes de "sourceurs", dont le travail est axé sur le recrutement dans les différents bassins d’emploi. Ce réseau de recruteurs est animé au plus près du terrain par les directeurs régionaux et les responsables ressources humaines jusqu’à fin septembre. Nous verrons ensuite si nous conservons ces postes après l’été.
Nous avons également donné des consignes de "surbooking" aux managers. L’idée est de recruter 10 % à 20 % de CDD en plus que de besoin car il arrive encore que l’on fasse signer leur contrat de travail à des personnes qui ne se présentent pas le jour de la prise de poste. Ce sont les directeurs des établissements qui sont aux manettes pour ajuster le nombre de contrats nécessaires.
« Après avoir officialisé cette organisation au mépris du taux de dépendance des résidents et malgré la législation en vigueur.
1 IDE pour 35 résidents en moyenne
1 ASD pour 10 résidents (1 ASD pour 8/9 au plus en UP) ;
3 ASD/nuit >80 résidents
1 ASH pour 20 chambres maximum (avec PDJ)
Poly compétence de certains ASH (bionettoyage, service, commun) sur les plus
petits sites (même sur les plus grands sites, NDLR)
Privilégier un modèle différenciant les profils (?????, NDLR) »
AEF info : Quelles sont vos priorités pour la rentrée ?
Nadège Plou : Nous allons continuer à travailler sur nos principales priorités, à savoir attirer, fidéliser et développer nos équipes par l’intermédiaire de la formation. Sur cette thématique, nos travaux vont se concentrer à la rentrée davantage sur le métier d’infirmier, puisque nous allons investir davantage le champ de l’apprentissage, en accueillant, pour commencer, une cinquantaine d’apprentis en septembre 2022.
Nous continuerons également avec nos partenaires sociaux à travailler sur les conditions de travail de nos équipes dans le cadre de la poursuite de la négociation sur l’organisation du travail. Notre objectif conjoint est de définir le cadre optimum (sur la base de pratiques d’établissements) pour exercer les différentes fonctions dans nos sites et continuer à améliorer la qualité de services et des soins.
Dans ce cadre notamment, nous définirons ensemble concrètement les cycles de travail en tendant à réduire les cycles longs qui peuvent démotiver à la réalisation d’heures supplémentaires.
Enfin, les 5 et 6 septembre, je réunirai, pour la troisième année, l’ensemble des parties prenantes du dialogue social de l’entreprise en séminaire (organisations syndicales, secrétaires des CSE, membres du CSEC et Président d’instances). Nous travaillerons ensemble à la construction du dialogue social de demain dans le cadre du passage à la société à mission.
« L’ensemble des parties prenantes ? Sauf la CGT qui ne s’est jamais soumise à cette mascarade encadrée par un cabinet d’expertise dont la présidente fait partie du conseil d’administration de Korian. »
« Et comble du cynisme, cette formation sur le « dialogue social » se tient le même jour où une militante CGT est trainée devant les tribunaux par l’entreprise ! »
Evelyne Orman Publiée le 25/07/2022
https://charliehebdo.fr/2022/07/economie/foutage-gueule-patrons-inclusifs/
Entre appels à la sobriété et revendication de pratiques sociales, les tribunes de dirigeants en faveur d’un monde meilleur se multiplient. Une prise de conscience loin de se traduire en actes.
Revendications de liberté d’une partie de la jeunesse, difficultés de recrutement dans certains secteurs, prise de conscience, lors du Covid, de certains salariés de la futilité de leurs métiers, perspectives d’effondrement écologique. Les patrons se trouvent face à une situation inédite, que personne n’aurait imaginé il y a quelques années : un rejet massif du monde du travail, ou en tous cas des comportements de nombreux patrons. Alors, ils réagissent, au moins dans les mots.
Le 25 juin, les dirigeants d’Engie, d’EDF et de TotalEnergies estimaient dans le JDD que la flambée des prix de l’énergie « menaçait notre cohésion sociale et politique ». IIs indiquaient alors prendre leurs responsabilités, en diversifiant leurs approvisionnements et en prétendant, gag absolu, « viser la neutralité carbone ». Mais ils insistaient sur le fait que la hausse du coût de l’énergie menaçait la société tout entière.
Le 2 juillet, en réaction à ce texte, toujours dans le JDD, 84 dirigeants allaient plus loin en affirmant que la sobriété devait être un choix collectif. Au-delà d’exemples banals – seconde main dans le textile, réparabilité des objets – ces dirigeants affirmaient que la sobriété constituait désormais « la » réponse à la question la plus importante de notre temps : « Comment répondre aux besoins de chacun dans un monde aux limites planétaires dépassées et au consumérisme débridé ? »
La troisième couche de gentillesse a été posée le 16 juillet dernier par le Collectif d’entreprises pour une économie plus inclusive (sic), qui réunit les patrons de très grandes entreprises comme BNP Paribas, Carrefour, L’Oréal, Orange, Renault, et même…Korian (propriétaire de plusieurs Ehpad, on le rappelle, et visé par trente plaintes pour mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger ou homicide involontaire). C’est d’ailleurs la PDGère de Korian, Sophie Boissard, qui est à l’origine de ce Collectif lancé en 2018 avec Thomas Buberl, le Directeur Général d’AXA.
Appelant à une coopération entre entreprises et territoires, ils se donnent pour premier objectif l’emploi des jeunes. Mais ils ne se foulent pas, en recourant massivement à l’apprentissage et à l’alternance, ce qui est certes utile pour les jeunes concernés, mais qui correspond à de très faibles salaires, subventionnés par l’État.
Le second objectif est la réduction de la précarité. Il s’agit, selon leur tribune, d’aider les familles pauvres à acheter de la nourriture pour bébé ou encore des ordinateurs reconditionnés. C’est certes sympa, mais les camarades patrons vont-ils augmenter les salaires ? Non, bien sûr. Rappelons qu’un salaire moyen de PDG du CAC 40 représente 450 fois le Smic en 2021. En ce qui concerne Korian, par exemple, la PDGère gagne 490 000 euros brut (même si elle a réduit sa rémunération de 25% à la suite du Covid). Les salariés les moins bien payés, eux – comme les auxiliaires de vie – sont à 20 400 euros par an, soit 24 fois moins que leur patronne.
Le troisième objectif, qui donne son titre à la tribune, porte sur « les achats inclusifs ». Après les achats responsables, solidaires, voici donc venu le temps de l’inclusivité, utilisé ici pour désigner le fait d’arrêter d’acheter des merdouilles fabriquées à l’autre bout du monde.
Problème : le modèle économique des entreprises signataires repose sur la concurrence fiscale et sociale permise par la mondialisation. De ce fait, comment prôner l’exact inverse ? En étant flou. Il s’agit en effet d’orienter une partie de leurs achats « vers les entreprises sociales et solidaires et vers les territoires qui en ont besoin, et d’engager l’ensemble de notre chaîne d’approvisionnement dans une démarche d’inclusion sociale ». Bon courage pour traduire cela en français… ●
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Bonjour,
Actuellement ..........chez Korian, j’interviens sur l’EHPAD XXX dans le cadre du déploiement du projet des maisonnées.
Dans cet optique, à la demande de la directrice XXX, je vous contacte afin de connaitre vos attentes concernant l’établissement :
· Qu’attendez-vous d’un bon soignant ?
· Quel est pour vous « un mauvais soignant » ?
Merci d’avance pour votre retour.
Bien cordialement,
XXX
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