Le président du groupe de maisons de retraite se montre très confiant. Le contexte réglementaire n’est pas au durcissement, contrairement aux craintes liées à l’arrivée du nouveau gouvernement.
Par ailleurs, Médica, de taille deux fois inférieure à celle d’Orpéa mais moins endetté, dispose d’une importante force de frappe financière et d’un savoir-faire historique dans l’intégration des
acquisitions.
Vous venez de publier votre activité du troisième trimestre. Quels ont été les faits marquants ?
Le troisième trimestre a été satisfaisant. La progression de 14 % des facturations, à 184,2 millions, intègre un rythme de croissance interne supérieur à 10 % qui marque une accélération par
rapport au premier semestre. Nous bénéficions de l’effet de l’ouverture, en 2011, de 780 lits de maison de retraite – segment qui représente 63 % de notre activité – sachant qu’un nouvel
établissement n’atteint sa vitesse de croisière qu’au bout d’un an. Les travaux de restructuration opérés dans les cliniques de réadaptation, l’année dernière, concernant 230 lits ont également
nourri la croissance organique. Délocalisations d’établissements et orientation sur des pathologies plus spécialisées ont permis une augmentation de prix de journée. Au global, nous exploitons
16.000 lits avec un taux d’occupation de 96,5 %, alors qu’en 2006 notre parc se limitait à 9.000 lits et le taux d’occupation s’élevait à 95,6 %. Depuis janvier, nous avons acquis environ 300
lits, ouvert 900 lits de maison de retraite et restructuré 250 lits de clinique de soins de réadaptation.
Cette performance est au-dessus de vos prévisions annuelles.
Nous anticipons une progression de 13 % du chiffre d’affaires en 2012, reposant sur un rythme de croissance interne d’au moins 8 %, sachant que dans le même temps nous avons réalisé peu
d’opérations de croissance externe, étant très exigeants sur la capacité à créer de la valeur des cibles potentielles.
Confirmez-vous vos objectifs de résultats pour 2012 ?
Nous réitérons notre objectif de générer une marge brute d’exploitation avant loyers (Ebitdar) conforme à nos performances historiques, sans doute parmi les plus élevées du secteur. En l’espace
de six ans, nous avons augmenté notre taille de 95 % et absorbé près de 8.000 nouveaux lits en maintenant ce niveau de rentabilité. Notre savoir-faire dans l’intégration des acquisitions est
donc réelle. A noter que dans un scénario de croissance externe très faible, la rentabilité augmenterait mécaniquement car le poids des établissements en cours d’ouverture ou de restructuration
serait réduit.
Ce rythme élevé de croissance interne va-t-il se poursuivre ?
Nous disposons d’un réservoir de croissance organique important : 3.122 lits, soit 19 % de notre parc actuel. Leur rénovation et leur ouverture progressive garantissent une bonne visibilité sur
la période 2013-2015 en matière de croissance interne. Par ailleurs, nous estimons que le quasi-gel des autorisations de nouveaux établissements existant depuis mi-2010 va finir par
s’amoindrir. Cela ouvrirait une nouvelle source de croissance pour le secteur dans un contexte de manque de structures d’accueil dans certaines régions pour les personnes âgées dépendantes.
Les acquisitions vont-elles reprendre de manière plus dynamique? Une grosse opération est-elle envisageable ?
Les acquisitions ont représenté un peu plus de 6 points de croissance au premier semestre, mais seulement 2,3 points au troisième trimestre. Nous avons la capacité de mener une politique de
croissance externe dynamique. Nous disposons de lignes de crédit non utilisées pour 300 millions d’euros et la dette nette s’élève à 465 millions d’euros, faisant ressortir un ratio
d’endettement de 70 %, le plus faible du secteur. Toutefois, nous considérons encore trop élevés les prix offerts par certains vendeurs. Nous sommes très présents sur le marché des
acquisitions. Beaucoup d’affaires nous sont proposées, dont certaines pourraient aboutir.
Nous nous positionnons également lors de la reprise d’établissements en difficulté gérés par des associations ou communes dans le cadre de délégation de service public. Concernant la taille des
cibles, nous pouvons tout à fait regarder des opérations de taille significative. Notre double capacité, financière et managériale, nous le permettrait.
Quels sont vos objectifs à l’international ?
Notre stratégie a toujours reposé sur une expansion dans des pays présentant des caractéristiques aussi favorables que celles que nous connaissons en France. Nous réalisons 11 % de notre
activité principalement en Italie du Nord (au
travers de 27 établissements d’Ehpad), ou le chiffre d’affaires est resté stable au 30 septembre. Nous restons mesurés dans notre politique de développement européen, ce qui n’exclut pas la
possibilité de saisir des opportunités dans certains pays comme la Belgique. Au global, nous privilégions la France pour nos acquisitions.
Quelle est la politique immobilière ? Avez-vous évalué l’impact de la nouvelle mesure de plafonnement de la déductibilité des intérêts d’emprunt ?
Nous détenons un parc immobilier évalué à 400 millions d’euros environ, soit 58 établissements. Nous n’envisageons pas d’augmenter ce montant et gardons la possibilité de procéder à des
arbitrages.
La nouvelle mesure d’aménagement fiscal annoncée pour les entreprises à partir d’une certaine taille revient à une augmentation du taux d’imposition. Dans l’hypothèse d’intérêts d’emprunt d’un
montant de 16 millions d’euros, le résultat net après impôt serait amputé d’environ 1,5 million. A noter que Medica est relativement peu pénalisé, car le poids de la dette reste modéré.
Craignez-vous des modifications règlementaires défavorables pour le secteur ?
Le projet présenté par le ministère de la Santé prévoit une revalorisation de l’enveloppe pour les personnes âgées au sein de l’Ondam (Objectif national des dépenses d’assurance maladie) pour
2013 et montre un maintien, voire une accélération de l’effort de l’état en faveur des personnes dépendantes. Le secteur privé apporte sa contribution à la prise en charge de nos grands aînés.
Si l’on considère l’offre globale de lits en institution, le secteur privé commercial n’en représente que 20 %, l’essentiel des capacités se trouvant dans le secteur associatif et public.
Quelle est votre politique en matière de dividende ?
L’augmentation du taux de distribution de 20 à 30 % du résultat net a pris effet au titre de l’exercice 2011. Pour les résultats 2012, il est encore trop tôt pour se prononcer sur une décision
qui relève de la prochaine assemblée générale.
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